lundi 7 mai 2012

Douleur & Psychologie Dr Van Alphen


D’après l’Association Internationale pour l’Étude de la Douleur, la douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite en termes d'une telle lésion.
Cette définition est assez complexe et fait intervenir la notion d’émotion car la douleur est un phénomène très complexe qui peut être augmenté, diminué et même supprimé ou encore déclenché par certaines émotions !
Dans la douleur, la psychologie est partout :
avant, pendant et après l’événement douloureux.
La psychologie qui influence un moment de douleur peut venir de loin... comme l’adulte aura besoin de davantage de produit antalgique lors ou après une intervention chirurgicale s’il a souffert lors d’une hospitalisation douloureuse durant son enfance !
La psychologie de la douleur peut aussi être l’appréciation de sa cause : le sauveteur peut moins souffrir d’une brûlure que la personne qu’il a sauvée... le soldat blessé qui va pouvoir retourner dans sa famille a besoin de moins de morphine que la victime du conflit qui a tout perdu...
La perception d’une douleur est aussi dépendante de «comment» les autres reconnaissent l’importance de cette douleur : le déni de la douleur d’une personne par son entourage ou les professionnels de la santé fait souffrir davantage...
Il y a deux grands types de douleur
  1. La douleur aiguë comme celle provoquée par une punaise qui s’enfonce dans le pied... ou par le contact du bras avec un fer à repasser bien chauffé... ou par une colique intestinale subite et passagère...
  2. La douleur chronique comme celle du mal au dos qui dure de quelques jours à plusieurs semaines, voire des mois, celle des céphalées de tension, de la tumeur osseuse, de l’inflammation d’une articulation, etc.
Plus une douleur s’éternise et plus elle prend une place dans le puzzle de notre vie, elle prend un peu ou beaucoup la place de la pièce appétit, de la pièce relation sentimentale, etc.
Elle peut même, comme le fait douleur aiguë intense, chasser tout ce qui n’est pas douleur et conduire à un état dépressif, à un manque d’appétit pour toutes les choses de la vie normale...
Les différences entre la douleur aiguë et la douleur chronique impliquent des différences dans les approches thérapeutiques : la manière de les approcher, de les apprivoiser pour les changer, etc.
Comment une relation psychologique peut-elle diminuer une douleur ?
Les voies neurologiques de la douleur sont de mieux en mieux étudiées avec l’évolution des technologies médicales et de la biochimie.
Une stimulation qui va déclencher une sensation de douleur, comme enfoncer une aiguille dans la fesse, envoie un message au cerveau par les nerfs qui partent de la périphérie du corps et remontent par la moelle épinière et par des zones de contrôle de la sensation douloureuse qui dépendent du cortex cérébral.
Ce contrôle par le cerveau de la sensation douloureuse permet donc, tout naturellement et continuellement, de moduler la perception de la douleur : nous rendre plus sensibles ou moins sensibles selon la situation comme, par exemple, grimper à un arbre pour échapper à un chien féroce fait diminuer la douleur occasionnée par l’écorce rugueuse car le cerveau donne la priorité à la survie...
La psychologie peut donc intervenir directement dans la modulation neurologique de la progression du signal vers le cerveau
Elle peut aussi distraire l’attention à un point tel que le cerveau s’intéresse bien plus à ce qui le distrait qu’à une douleur... Ce phénomène est observé dans les chirurgies sous hypnose (relaxation profonde avec suggestions) : le patient retrouve un moment de vacances avec tous les détails passionnants de cette descente en ski ou jeux dans l’eau... et il ne ressent pas le scalpel et les pinces du chirurgien qui lui enlève la thyroïde...
Une cause de douleur peut aussi être traitée par un moyen psychologique
Les techniques de grande relaxation avec suggestions appropriées peuvent réduire une réaction inflammatoire, réduire le gonflement d’un tissu et donc la douleur qui en résulte.
Autre aspect et autre niveau d’intervention sur le phénomène douloureux
On peut diminuer la souffrance sans diminuer la sensation ! Cela est très souvent exploité lorsqu’une personne experte dans les douleurs obstétricales intervient en urgence auprès d’une femme qui «perd les pédales» durant le travail d’accouchement.
Lorsqu’une femme retrouve le sentiment de pouvoir participer et de ne plus subir le travail d’accouchement, elle ressent la douleur mais souffre moins et garde un meilleur souvenir, voire un très bon souvenir de son accouchement !
On peut donc intervenir uniquement sur l’émotion lors d’une expérience douloureuse.
La revue de la littérature scientifique donne une idée du champ d’intervention des techniques psychologiques pour réduire ou supprimer une douleur
  • Un article signé par T. Osborne en 2006, «Interventions psychologiques pour douleur chronique», parle des nombreuses techniques psychologiques utiles dans le traitement de la douleur et de leur nécessaire intégration dans les programmes thérapeutiques médicaux. Depuis quelques dizaines d’années les centres de la douleur ne peuvent plus ignorer ni se passer de ces techniques psychologiques. Les suggestions en état de relaxation «paradoxale» (concentration sur certaines sensations ou images et détachement d’autres sensations ou pensées) font parties de ces techniques et souvent nommées «hypnose médicale»
  • La fibromyalgie fait partie des désordres musculo-squelettiques mais, contrairement aux autres maladies de ce groupe, n’a pas de traitement médical efficace bien validé. Les auteurs de l’article «Mécanismes nerveux centraux de la douleur dans la fibromyalgie et autres troubles musculo-squelettiques : approches psychologiques» parlent de l’intérêt des interventions psychologiques adaptées à ces pathologies et aux patients.
  • L’article de Seaman et Cleveland publié en 1999 aborde les mécanismes nociceptifs, neuropathiques et psychologiques des syndromes de douleur spinale. Il contribue à soutenir l’intérêt des interventions psychologiques émotionnelles dans le traitement des ces douleurs dites «neuropathiques» très nombreuses et très difficiles à traiter avec des moyens uniquement médicaux.
  • En 1995 Madison et Wilkie publient un très intéressant article sur la compréhension de la douleur cancéreuse par les membres de la famille d’un patient ! Il apparaît que les membres de la famille comprennent la localisation de cette douleur durant environ 75% du temps mais n’en comprennent que très rarement l’intensité, la «qualité», la «forme»...
    Ils conseillent aux soignants de communiquer les informations tant aux patients qu’à leurs proches.
  • Dans «Nocebo : l’induction psychologique de la douleur», et plus précisément dans «Le rôle de la connaissance dans les effets nocebo et placebo» publiés respectivement en 1981 et 2008, les auteurs font apparaître que la douleur créée par une simple suggestion n’a pas besoin d’informations très intellectuelles alors que l’effet placebo, dont l’effet d’une suggestion sur la diminution d’une douleur, est favorablement influencé par des explications précises sur le ou les mécanismes mis en jeu. Le contenu de cette fiche d’information va dans le sens des résultats de ces études.
  • En 1983, Stavitz dans «L’hypnose dans le traitement de la douleur chronique» contribue à mettre en évidence l’importance du rôle actif du patient dans une séance thérapeutique de ce type en insistant sur l’intérêt de l’auto-hypnose où le patient reconnaît et travaille donc ses propres composants douloureux. Les séances de Méta-relaxation sont précisément conçues pour ne rien imposer de l’extérieur mais pour amener l’utilisateur à puiser dans sa propre réserve d’outils psychologiques.
  • La douleur chez la personne âgée est souvent cause de dépression et de mauvaise qualité de vie. Cuellar, en 2005, dans «L’hypnose pour manager la douleur chez la personne âgée» passe en revue l’intérêt de cet outil et son application chez ces patients.
  • Après une même intervention chirurgicale, les patients ont plus ou moins mal et ont besoin de doses très variables d’antalgiques. L’étude de De Cosmo publiée en 2008 montre que l’intensité de la douleur est augmentée par un état dépressif ou anxieux et est plus importante chez les femmes. La dépressivité du patient fait augmenter le besoin en produit antalgique.
  • La question de la suggestibilité d’une personne en grande relaxation mentale comme sous hypnose pour bénéficier des suggestions de réduction d’une douleur a été abordée dans l’article de Milling en 2008. Les résultats exposés montrent qu’une haute suggestibilité n’est pas requise. Plusieurs études antérieures semblent indiquer que la capacité imaginative est importante. Cette capacité peut être augmentée par le savoir-faire du psycho-thérapeute, donc du contenu de la séance. Le fait que tout le monde est capable de développer une analgésie est démontré par l’efficacité de l’utilisation de séances d’hypnose médicale ou de CD de Méta-relaxation pour des milliers d’intervention chirurgicales avec un effet analgésique suffisant pour presque tous les patients, quelque soit leur âge, leur sexe et leur origine sociale.
  • L’expérience réalisée par Carli en 2008 concerne l’hypnotisabilité de fibromyalgiques pour réduire la douleur. Le titre de la publication «Expérience paradoxale d’analgésie hypnotique chez des fibromyalgiques faiblement hypnotisables» annonce un résultat inattendu : les personnes faiblement hypnotisables réagissent aussi bien que les autres aux suggestions hypnotiques ! L’auteur évoque la possibilité que la douleur chronique soit responsable de cette réaction favorable à une suggestion qui vise à la réduire.
  • Dans le traitement de la douleur des patients brûlés, de nombreuses publications démontrent l’intérêt des suggestions «hypnotiques» (dans un état de grande relaxation mentale) pour réduire la douleur chronique, pour réduire la douleur aiguë durant les soins, pour réduire les besoins de greffes de peau et pour traiter le traumatisme psychologique lié à l’accident.
Tous les domaines douloureux donnent lieu à des études plus ou moins nombreuses selon l’importance de cette douleur en clinique. Toutes les études cliniques confirment l’importance de l’information du patient, de sa collaboration et des messages qui lui sont proposés en augmentant sa capacité d’imagination. La conception des séances de Méta-relaxation répond à toutes ces exigences d’efficacité thérapeutique.

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